vendredi 20 août 2010

Un documentaire sur la montagne Yushan 雲海上的島嶼


Je ne sais pas si vous vous souvenez de mon voyage sur la montagne Yushan en octobre dernier, mais je vous avais dit que cette montagne est le massif le plus haut de l'île de Taiwan, 3952m. L'ami qui m'avait permis de randonner là-haut est un documentariste spécialisé dans les parcs nationaux de Taiwan. Je lui ai présenté mon ami Eric Capone car je m'étais dit qu'il pourrait faire la musique de ce documentaire, enfin non, disons que c'est Eric qui, lorsque je lui ai parlé de mon ami qui passe des nuits dans la montagne à traquer le cerf taiwanais pour le filmer, s'est proposé de l'aider à faire sa musique.
Eric est venu donc une semaine à Taiwan pour préparer la musique, enregistrer un aborigène en pleine forêt, discuter du sujet du documentaire, voir les images, bref, une rencontre étonnante, artistique et humaine que j'ai bien aimée, alors je vous raconte tout ça!
我認識一個生態紀錄片記者,這個記者最近在昨完一個關於玉山國傢公園的紀錄片。我介紹他一個法國朋友,音樂家,想要來幫這個記者做他的紀錄片的音樂。所以我陪他們因爲我的法國朋友Eric Capone 需要法文翻譯!
Voici l'équipe! Celui qui s'occupe du montage des images magnifiques de ce photographe est à droite Deng GuoHua 鄧國華, le photographe est au milieu Liao DongKun 廖東坤 et Eric Capone est à gauche. Comme j'ai oublié de demander s'ils acceptaient d'être sur le blog, je les mets de dos!
Une des idées pour la musique de ce documentaire était de mettre au tout début, un chant acapella d'un aborigène de Taiwan. Donc on a été enregistrer cet aborigène dans le parc de Shueipa car il venait faire un spectacle avec d'autres aborigènes.
Les sages de la tribu Ataya étaient là, un des chefs a fait un discours, il s'est exprimé dans sa langue; le dialecte aborigène atayal. C'était impressionnant d'entendre cette langue austronésienne au milieu de la forêt. J'ai mis ce discours dans mes vidéos de Youtube
Il y a eu des danses traditionnelles avec les costumes de la tribu.
Il y avait même des représentantes de la communauté catholique, sûrement jésuite, car les aborigène ont été évangélisés au XVIIème siècle.
Ils gardent encore aujourd'hui cette empreinte religieuse et sont pour une grande part d'entre eux, catholiques. C'est toujours étonnant de voir ce détail européen au fin fond de Taiwan.
Les journalistes étaient nombreux, il y avait même une journaliste de la chaîne des aborigènes sur la télévision taiwanaise, c'est la chaîne 16 je crois. Je vous mets le lien youtube ici pour voir les images et écouter le vrai son de ce spectacle!! VIDEO 
A la fin du spectacle, il y a eu un défilé de vêtements créés par un aborigène, c'était vraiment sympa de voir ces tenues mises en valeur, et encore très proches des costumes traditionnels.
Ensuite, nous, on s'est enfui dans la forêt pour enregistrer l'aborigène qui s'appelle DongDong. Il m'a dit être déjà venu en France, à Rouen pour faire un concert de tambours traditionnels de sa tribu Atayal. Il joue de tous les instruments de son ethnie je crois, et on l'a enregistré jouer de la guimbarde, d'une sorte de xylo en bois, d'une flûte et chanter bien sûr!!
On a un peu galéré à cause des randonneurs et à cause d'un oiseau qui chantait juste à côté. Cet oiseau ne pouvait pas faire partie du documentaire car le sujet c'est la montagne à plus de 3000m et cet oiseau ne vit qu'à 1000m d'altitude! Je ne vous raconte pas les détails auxquels il faut faire attention dans ce genre de boulot!!
Son chant était super émouvant, il a gueulé, enfin chanté avec force pardon, dans l'air de la forêt, c'était à donner des frissons. Il avait un chat dans la gorge mais moi je trouvais que ça rajoutait du naturel à son chant traditionnel.



C'est la première fois que je voyais des guimbarde aborigènes de Taiwan. Il m'a dit que ce sont les anciens qui lui ont fait celles à quatre branches. C'est un objet qu'on offre à la fille qui intéresse le garçon, m'a-t'il dit, mais il ne m'en a pas offert, zut!!
Eric a enregistré tout ça et puis direction Taipei le studio pour travailler tout ça. Il a été trop sympa car il a mis des parties de violoncelle, j'ai donc pu participer au projet!!















Mais finalement, j'ai du faire aussi la traduction en français du script afin qu'Eric ait le sens du texte, j'ai également fait l'interprète pendant toute cette semaine, c'était génial! Je refais ça tous les jours moi, si vous voulez!!
Je crois qu'Eric a aussi bien aimé ce travail dans ce contexte taiwanais.







Promis dès que le DVD sort à Taiwan, en octobre je vous fais signe et je passe les commandes, je vous assure que ça vaut le détour, les images sont vraiment magnifiques, il ne reste plus qu'à Eric de nous écrire une superbe musique!!

mardi 10 août 2010

Lyon - La Réunion à vélo

Une petite annonce qui n'a rien à voir avec Taiwan, et encore, ne sait-on jamais...! Une amie grenobloise part demain pour un périple en vélo avec son copain. Ils partent de Lyon et tenteront de joindre l'île de la Réunion 1 an et demi ou deux ans plus tard.
Cette amie prend évidemment son accordéon diatonique avec elle!!
Cela fait plus de 7 mois qu'ils préparent ce projet et comme leur vélosophie me plaît beaucoup, je me permets de relayer l'info et le lien vers leur site!

Publicité pour la patate douce d'appartement

Chers lecteurs, aujourd'hui je souhaite vanter les qualités esthétiques de la patate douce!!
Si vous habitez à Taiwan et vous ne savez pas quoi mettre comme plante d'appartement, j'ai ce qu'il vous faut: la patate douce!
Placée dans une assiette, avec un peu d'eau au fond, en 4 semaines elle devient aussi grande que sur la photo du dessus. C'est ce qu'il s'appelle de la plante pas chère en plus. Et puis c'est mieux que les petits plants de melon qui ont fané au bout de quelques jours...

lundi 9 août 2010

Fabriquer son thé épisode 2 製茶活動二

On a passé la journée à remuer notre thé, toutes les demi-heures on allait dans le hangar et on remuait nos feuilles, elles se tassaient de plus en plus et au bout de la 6ème fois on les a réuni car elles tenaient toutes dans un seul plateau.
ça c'est mon thé!! On avait tous inscrit notre nom de sorte à ne pas perdre nos feuilles, et savoir à qui était le thé. Nous étions plus de 20 alors valait mieux faire attention.
Le thé est installé dans un grand taulier à la manière de nos vers à soie pour les cocons. Je ne peux pas vous décrire le parfum de cet endroit, c'était trop bon, mais au bout de plusieurs heures le parfum devient de plus en plus présent, et moi j'avais un peu mal à la tête vers minuit.

Le soleil s'est lentement couché et nous avons continué à remuer, sans relâche notre thé. Franchement lorsqu'on fait ça pour la première fois, on ne se rend pas compte combien cette première étape est primordiale sur la qualité du thé. C'est d'ailleurs pour cela que Lao Ji Zi n'a pas d'employé, il travaille en famille, et très peu de personnes manipulent son thé. Il gagne des prix internationaux tous les ans quasiment, je pense que ceci explique cela!

Ensuite les enfants de la famille sont venus laver d'énormes woks, je me suis dit qu'ils devaient les laver pour préparer le repas du soir, style méga géante paëlla, mais pas du tout!
Ces woks servent à cuire les feuilles de thé!! Là j'ai commencé à avoir très peur, car cuire le thé que j'avais pendant toute une journée délicatement manipulé, ce n'était pas envisageable, je craignais le pire!!
Entre temps, on a joué aux experts, et on a organisé une compétition des meilleurs thés, enfin, plutôt des moins pires... je suis mauvaise langue, d'accord j'arrête...!

Derrière le monsieur qui sent un thé vous pouvez apercevoir une des gravures de Jeong Di 楊炯杕. C'est un paysage français, ça ressemble beaucoup à la Seine ou la Marne. C'était rigolo de voir ça, en pleine campagne taiwanaise, au milieu de personnes qui ne parlaient que thé, thé, thé et thé.


Je vous annonce tout de suite que je n'ai pas gagné le premier prix, ni le second d'ailleurs: meilleur goût, meilleur parfum! Mais comme j'avais joué du violoncelle pour les feuilles, si, si c'était l'idée du maître de thé, il trouvait ça important de jouer de la musique aux feuilles, alors pourquoi pas? donc il m'a offert un thé wulong de plus de 30 ans, le genre trop bon et méga cher!!
 
On a remué nos feuilles jusqu'à preque 22h ou 23h du soir, je n'en pouvais plus franchement!
Le maître de thé venait nous aider et il avait une technique très particulière pour savoir à quel stade en étaient nos feuilles.
Il mettait le nez dedans!! 
Vers 23h tout s'est accéléré, il a fallu passer nos feuilles au premier feu. Le grand wok que j'avais vu être lavé par les enfants était posé sur un feu de gaz, puissance maximum. Evidemment pas de baguette ou de palette pour remuer les feuilles qui crépitent sous l'effet du feu, mais à mains nues!!!! OH MY GOD!!

Heureusement que nous, on avait le droit aux gants en tissu épais blanc, sinon c'était la cata assurée!
Chacun est passé à son tour, et je peux vous dire fièrement que je n'ai pas eu besoin de beaucoup d'aide tellement je savais faire tourner mes feuilles comme une salade de tomates toute belle!! Tout le monde était complètement soufflé, ben oui, comment ça se fait que la petite française qui normalement devrait être à la masse complet, se débrouille aussi bien? je leur ai sorti le coup du "dans une vie antérieure je fabriquais du thé", et ils ont acquiescé sans mot dire!
Après, on se mettait vite par terre, et on roulait les boules de feuilles encore bouillantes afin qu'elles prennent une forme torsadée, les mains se sont recouvertes du jus verdâtre des feuilles, et je ne vous dis pas le parfum si bon qui se dégageait dans l'air!
J'ai refusé de me laver les mains jusqu'au lendemain matin, ça sentait trop bon, en plus je suis sûre que dans un spa ça coûterait les yeux de la tête, un "masque pour les mains à la douce sève de thé de Taiwan" imaginez le concept!

Voici mes feuilles pour l'avant dernière étape, celle du séchage dans cette grande machine. On place les feuilles en haut et elles passent d'un étage à un autre jusqu'en bas.
On voit les poignées à droite qui servent à faire passer le thé d'un étage à l'autre. Ensuite les feuilles sont séchées complètement dans une sorte de grand four, et 20 minutes après on met les feuilles dans de grands sacs et on rentre chez soi tout content!
Cette étape est la dernière, il est 3h du matin, la plupart se sont endormis une fois leur thé terminé.
C'était rigolo à voir, au milieu de la petite route, une dizaine de personnes en train de dormir dans les plateaux en bambou. Certains avaient soigneusement pris leur thé à leur côté.

Faire du thé, heu...non! fabriquer son propre thé plutôt! 製茶活動一


Je vous avais déjà parlé de Mr Lao Ji Zi, désolé je le nomme avec le nom de sa boutique car je ne connais pas son nom. C'est le genre de personne qu'on côtoie et lorsqu'on en parle avec les amis on l'associe avec sa boutique tellement son rapport avec sa boutique est évidente, inextricable!
Ce monsieur, qui doit avoir la soixantaine, a souhaité faire plaisir à ses clients passionnés de thé, comme moi. Il a donc organisé une journée de fabrication de thé, enfin une journée avec la nuit comprise car pour fabriquer un thé semi-fermenté comme le Baozhong il faut 17h de travail!
在這裡已經介紹老吉子的老闆,他人很好,他請他的客人製茶。所以我們去過平林作文山包種茶。
On a commencé par rejoindre les cueilleuses de thé sur les terrasses des jardins de thé. Lao Ji Zi est originaire de cette région et les jardins appartiennent à la famille depuis le XIXème siècle au moins. Sa famille fabrique du Bao Zhong depuis le 1850.

Le voici en train d'expliquer comment cueillir les feuilles de thé. Contrairement aux explications bien mystérieuses et complexes qu'on entend en France; ne ceuillir qu'une ou deux feuilles, ou bien le bourgeon seulement... Pour le Bao Zhong on cueille le premier cm de la branche de thé, et c'est tout.

Les femmes qui travaillent dans les jardins ressemblent à celles que l'on voit dans les documentaires Arte. Elles ont la combinaison pour ne pas prendre le soleil et pour la cueillette: manches, chapeau de paille plus foulard, le parasol, la saquette en bambou et un pansement de protection sur l'index.
Ensuite on a commencé le travail du thé. Il nous a expliqué les étapes pour faire le thé, je vous avoue tout de suite que je n'ai rien compris, les termes techniques en chinois ce n'est pas mon fort!! On a tous pesé 4 livres de thé et on a divisé ça dans 4 plateaux en bambou qu'on a mis par terre dehors, pour faire prendre le soleil à nos jolies petites feuilles toutes fraîches!
Je vous avais parlé d'un graveur sur bois taiwanais qui a vécu à Paris, vous ne vous souvenez pas? allez ici pour savoir de qui je parle, et bien 楊炯杕 était là lui-aussi car il est ami avec le patron de Lao Ji Zi et il était bien intéressé par fabriquer du BaoZhong. Le voici de dos, et c'était très sympa qu'il soit là, car il m'a beaucoup aidé à me traduire les consignes techniques que je ne comprenais pas!!

Etape suivante: brasser délicatement les feuilles de thé afin de commencer l'étape du flétrissage. C'est à ce moment-là que la sève sort doucement des feuilles et c'est ce qui va faire du thé un thé plein d'arômes ou dégoûtant et amer!

ça a l'air tout simple vu comme ça, floupfloup et voilou les feuilles sont remuées... mais en fait pas du tout, je l'ai compris trop tard... il faut faire cela avec délicatesse car si on abîme les feuilles, elles deviennent amères...
Voici mes feuilles de Qingxin wulong, la meilleure variété de théier pour faire ce genre de thé.
Le chien de la famille est venu regarder nos feuilles, il a même marché dessus cet idiot!!